E. Aoun : « L’Iran a mordu à l’hameçon »


 

Par Elena Aoun (Professeur-Chercheuse / UCLouvain / Belgique) sur la RTBF

Publié le 2 octobre 2024 sur le site de la RTBF

 

Note : Ceci est le compte rendu d'un interview croisé avec Elena Aoun, à Bruxelles et Olivier Rafowicz, officier et porte parole de l'armée israélienne, depuis Israël. Les liens vers le compte rendu complet et la vidéo de l'émission sont indiqués en fin d'article. Le discours de l'officier de l'armée israélienne étant déjà largement diffusé, est reprise ici uniquement la partie concernant l'intervention de Madame Aoun. Il est exceptionnel d'entendre une telle analyse sur un média officiel, la rédaction de la RTBF a ainsi pu titrer "L’Iran a mordu à l’hameçon", sans risquer de sanction immédiate en son sein...

 

"L’Iran a mordu à l’hameçon"

De son côté, en revanche, Elena Aoun, chercheuse d’origine libanaise et professeure en relations internationales à l’UCLouvain, tempère, affirmant que ce scénario de missiles et de destruction "c’est ce que subissent les populations palestiniennes à Gaza depuis un an et libanaise depuis au moins deux semaines, avec une petite nuance : l’absence de sirènes, d’abris et d’un dôme de fer pour protéger ces populations."

Cela étant dit, dans son analyse, la chercheuse estime que ces récentes attaques font entrer le conflit dans une autre dimension, "parce que l’Iran a mordu à l’hameçon que le gouvernement de Netanyahou ne cesse de lui tendre depuis au moins le mois d’avril dernier". Elle fait référence notamment au "crescendo de frappes ciblant à la fois les intérêts iraniens et les deux grosses dernières attaques, à avoir l’assassinat du chef du Hamas Haniyeh à Téhéran et les attaques au Liban depuis deux semaines."

Quel est le rôle de la communauté internationale ?

A cela il faut également ajouter, selon Elena Aoun, l’absence de condamnation de ces actes à l’égard des civils libanais de la part de la communauté internationale. "Je pense que le monde occidental vit dans un monde parallèle sur la même longueur d’onde que les Israéliens depuis le 7 octobre, mais en déconnexion totale par rapport aux réalités du terrain et aux souffrances des populations locales", explique-t-elle.

"Par ailleurs, au sein de la communauté des chercheurs et des analystes de la région, il y a une très grande inquiétude depuis le premier jour, eu égard à la sévérité de la réaction israélienne par rapport à l’attaque du Hamas, sans doute justifiée en un premier temps, mais dans la mesure où on a vu que c’était une fuite en avant avec comme seul registre le mode militaire destructif, on a vu tous les risques qui se cristallisent aujourd’hui."

Pour autant, la chercheuse nuance la question de la "guerre totale": "Je ne sais pas ce que serait une guerre totale. J’ai l’intime conviction qu’Israël est la seule superpuissance régionale. Qui plus est, vous avez toutes les grandes puissances, à commencer par les Etats-Unis qui sont derrière."

Selon Elena Aoun, Israël dispose en effet de toutes les capacités pour "laminer l’Iran comme ils ont laminé Gaza. Aujourd’hui, ils sont en train de laminer le Liban. Mais le problème est que structurellement, c’est très facile de détruire, mais qui va reconstruire ?"

En ce sens, la chercheuse estime que le projet du Premier ministre israélien d’un nouveau Moyen-Orient "nous ramène à 2003 et aux rêves de 'Greater Middle East' du président américain Bush. Et on voit 20 ans plus tard où ça mène."

 

Publication complète et originale sur le site de la RTBF

Vidéo de l'interview sur Auvio

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